«Liberté, liberté!» scandait la foule demanifestants pour une «Russie sans Poutine» aux abords du véhicule de police qui emmenait l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov. Avant de disparaître, le candidat à l'élection présidentielle de 2008 a juste eu le temps de leur adresser le signe de la victoire à travers la fenêtre.
Le chef de file du mouvement d'opposition L'autre Russie, a été interpellé samedi par les forces de l'ordre lors d'une manifestation contre le pouvoir en place qui a rassemblé 2000 personnes dans le centre de Moscou.
«Pour Poutine et son entourage, la Russie n'est qu'une source d'enrichissement personnel. Notre but est le démantèlement de ce régime qui couvre le pays de honte», a lancé Garry Kasparov à la foule. «Nous allons sortir de ce marécage de corruption et de mensonge et nous gagnerons!», a-t-il encore ajouté.
Des centaines de policiers -antiémeute avaient cerné la place où se tenait le rassemblement. Ils ont fondu sur la foule au moment où Kasparov et un groupe de partisans tentaient de se rendre à la Commission électorale centrale pour dénoncer des
élections législatives «injustes».
«Il n'y avait aucun danger pour l'ordre public. Le pouvoir a tout simplement peur que les gens expriment une contestation», a-t-il commenté avant d'être interpellé. L'homme de 44 ans, qui a régné en maître incontesté sur le monde des échecs pendant quinze ans a été condamné à cinq jours de prison. La manifestation s'est soldée par l'arrestation de 44 personnes.
Violences à Saint-Pétersbourg
Hier, c'est à Saint-Pétersbourg que la police russe a réprimé une marche contre le président Vladimir Poutine. Près de 200 opposants ont été interpellés, dont le libéral, Boris Nemtsov. «Ils viennent de me relâcher. J'essaye d'aider les autres manifestants qui ont été interpellés», a-t-il
déclaré dans l'après-midi.
Un responsable de la police de Saint-Pétersbourg a confirmé «plusieurs dizaines d'interpellations», ajoutant que les tribunaux décideraient des sanctions contre eux, «amendes ou arrestations».
D'après la radio Echo Moscou, une centaine de protestataires ont aussi été arrêtés en Ingouchie, république voisine de la Tchétchénie, où les autorités locales avaient interdit une réunion de l'opposition.
Ouverture de la chasse
Vladimir Poutine, tête de liste du parti Russie unie pour les législatives qui se dérouleront le 2 décembre, avait accusé, la semaine dernière, les opposants de préparer des «provo-cations» en «descendant dans la rue», les qualifiant de «chacals» en quête de financements
étrangers.
Ces arrestations marquent un durcissement du régime depuis l'ouverture par Vladimir Poutine d'une chasse aux «chacals», un de ses thèmes de campagne, estimaient hier analystes et opposants à Moscou.
La Tribune de Genève , le 26/11/07