La journaliste russe Anna Politkovskaia est, sans doute, l'un des meilleurs experts de la Tchétchénie actuelle. Elle y a effectué des dizaines de reportages et a rencontré aussi bien les chefs rebelles que les militaires fédéraux. Bête noire de la propagande russe, elle n'a de cesse de clamer au monde la vérité sur la situation tragique qui règne dans la république frondeuse : innombrables exactions de l'armée régulière, disparitions de civils, corruption généralisée... Mais ce n'est pas tout, explique-t-elle dans cet entretien à bâtons rompus avec Galia Ackerman : la Russie entière est malade de la Tchétchénie ! La guerre et son cortège d'horreurs ont fait resurgir le vieux schéma soviétique de la patrie en danger protégée par les courageux tchékistes ; et le président Poutine, issu du sérail du KGB, est pour beaucoup dans l'instauration de ce climat propice à toutes les dérives autoritaires. La société russe, servile et lasse, accepte docilement ce qui n'est rien d'autre que le retour du soviétisme.